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Vue de l'exposition personnelle mykiss, centre d'art Le Creux de l'Enfer, Thiers, France, 2021-22. Photos : Vincent Blesbois.
mykiss, panneaux de polycarbonate, colle vinylique et poudre de talc, transfert d’impression jet d’encre, tubes en métal, pinces, 250x300 cm.
Vue de l'exposition mykiss, Le Creux de l'Enfer, Thiers, France, 2021
Pédi, série de 4, pieds de bac à sable en plastique, colle vinylique et poudre de talc, 20x28x10cm.
Dixie, terre cuite, colle vinylique et poudre de talc, 50x36x27cm.
Vue de l'exposition mykiss, Le Creux de l'Enfer, Thiers, France, 2021
Diorama-aquarium, série de 4, caoutchouc contrecollé contre du dibond, colle vinylique et poudre de talc, transfert d’impression jet d’encre, 117x87cm.
Cactus, mousse de matelas, 170x50.
Sur l’exposition mykiss
Commissariat et texte: Sophie Auger-Grappin
Rien n’est plus miroitant et insaisissable que la peau mouvante et irisée d’une truite arc en ciel sortant fraîchement de la rivière. Nommée Oncorhynchus mykiss, c’est à cette espèce de salmonidés aujourd’hui très répandue dans les rivières européennes depuis son importation massive à la fin du vingtième siècle que Bruno Silva s’est intéressé.
Dans la Grotte, caractérisée par sa roche brute et végétalisée, il présente un paravent de polycarbonate translucide recouvert de bandes rosées aux reflets d’arc en ciel. Ces transferts répétés de motifs de l’épiderme de la truite instaurent un dialogue étrange avec les modules en plastique, à l’image de l’artifice généré par l’introduction de cette espèce animale dans les rivières françaises. Dans un subtil jeu de transparence, cette sculpture se place à la frontière entre intérieur et extérieur, ombre et lumière, visible et invisible, invitant le spectateur à en faire le tour, et jouant sur les dichotomies inhérentes au statut même de la Grotte dans le centre d’art, un espace entre deux, à la fois naturel et artificiel.
Sur le chemin de la Grotte, plusieurs objets au statut ambigu invitent à s’approcher. D’abord, des pattes en plastique, prélevées sur un bac à sable en forme de crapaud, sont présentées comme des appliques au mur, éléments de décoration des espaces domestiques à la fois pop et étranges. Au sol, c’est Dixie qui nous accueille, un petit chien en terre cuite, animal fidèle qui accompagne l’artiste dans ses expositions. Recouverts de talc et de colle, ces objets récupérés et réappropriés semblent avoir été momifiés: leur surface mate montre des aspérités et leur confère une seconde peau. Érodés, patinés, ils perdent leur matérialité et semblent évoluer vers un nouveau registre, de l’ordre du décor et du pictural.
Au rez-de-chaussée de l’Usine du May, Bruno Silva est invité à poursuivre le parcours de son exposition. Il y investit un espace de circulation, en s’inspirant des aquariums aux couleurs vives, symboles par excellence d’une nature factice et apprivoisée, souvent destinés à décorer les salles d’attente. Des plaques de caoutchouc, supports à impression par transfert, affichent des motifs de végétaux aquatiques aux couleurs acidulées. Face à ces paysages saturés, des cactus — plantes d’intérieur par excellence — exhibent leur peau de mousse en polyuréthane, anéantissant définitivement le vivant au profit du synthétique.
Text about the exhibition mykiss
Curator and text: Sophie Auger-Grappin, director of the art center
Nothing is more shimmering and elusive than the moving and iridescent skin of a fresh rainbow trout emerging from a river. Named Oncorhynchus mykiss, this species of salmonids are today very widespread in European rivers since its massive importation at the end of the twentieth century.
In the grotto featuring rough and vegetated rock, Bruno Silva presents a translucent polycarbonate screen covered with pink bands and rainbow reflections. These repeated transfers of patterns from the trout epidermis establish a strange dialogue with the plastic modules, as it happens with the artificial introduction of this animal species into French rivers. In a subtle game of transparency, this sculpture stands on the border between interior and exterior, shadow and light, visible and invisible, inviting the spectator to walk around it, and playing on the dichotomies inherent to the status of the Grotto in the art center : a space between two spaces at the same time natural and artificial.
On the way to the grotto, several ambiguous objects invite the viewer closer. First, plastic feet taken from a toad shaped sandbox are presented as sconces on the wall– decorative elements from domestic spaces rendered pop and strange. On the floor, Dixie, a small terracotta dog, greets us. A loyal animal that accompanies the artist in his exhibitions.
Recovered by talc and glue, these reappropriated objects seem to have been mummified: their satin surface shows asperities and gives them a second skin. Eroded, weathered, they lose their materiality and seem to evolve towards a new register, that of decor and image.
On the ground floor of the Usine du May in the Creux de l’Enfer, Bruno Silva is invited to continue the course of his exhibition. There, he uses the space for circulation inspired by brightly colored aquariums, symbols of fictitious and tame nature, often intended to decorate waiting rooms. Rubber plates used as supports for inkjet print transfers display patterns of brightly colored aquatic plants. In front of these saturated landscapes, 6 cacti– the ideal house plants– flaunt their foam flesh, annihilating the living in favor of the synthetic.