page de route 18
pour l'exposition Rose Salon
de Nino Spanu à home alonE
Le réveil a toujours été dur.
Commençons par une journée où je n’étais pas en retard. Disons, un mardi car les lundis, on est engourdi du weekend.
Encore englué dans mon rêve, la journée démarre. Douche, gomina sur les cheveux, sac à dos rempli et 10 Escudos dans la poche pour acheter des chewing-gum Gorila. Les Gorila roses au goût multifruits sont mes préférés.
En sortant de chez moi pour aller au collège, la première chose que je vois est un coiffeur féminin, le Salão Cor-de-rosa. Tôt le matin, il y a déjà une file de dames fraîchement sorties du lit avec une tête flétrie.
En passant devant le Salão, on se salue entre plusieurs murmures pendant qu’un chien, le propriétaire du Salão, m’observe par la fenêtre.
- Bom dia !
- Olá !
- Bom dia – moi, avec une voix en mue.
Le propriétaire du salon, Chow Chow, ne me dit jamais bonjour. Il ne me regarde pas dans les yeux mais dans mes cheveux imbibés de gomina. Je sens que ma coupe ne lui plaît pas. Il a un air menaçant.
Je fuis en ziz-zag dans la rue entre les voitures garées sur le trottoir, les trous au sol et les faïences cassées au mur pour aller acheter mon chewing-gum au café du coin.
M. Machado est le tenancier. Je sors mes 10 Escudos et je lui demande un Gorila rose. Je déballe et à l’intérieur, un ticket m’offre une coupe gratuite au Salão Cor-de-Rosa.
Je me réveille en sursaut, et la journée commence sans chewing-gum.
Douche, gomina sur les cheveux, sac à dos rempli et 10 Escudos dans la poche pour acheter des Haribo Spaghetti. Les Haribo Spaghetti verts au goût pomme étaient mes préférés, car finalement, je n’aimais pas trop le rose.